Au début, ils n'étaient que de simples humains. Ils faisaient leur vie, tranquillement à l'écart de toutes ces histoires de métamorphose et de mutation. Ils naissaient, trouvaient l'amour, se mariaient, avaient des enfants et mouraient, tout ce qu'il y avait de plus normal, donc. Et puis qui aurait pu prédire que les avancées technologiques et les médicaments scientifiquement modifiés auraient pu prendre de telles ampleurs ? Un jour, un petit garçon d'une dizaine d'années tomba malade. Gravement malade. Ses heures étaient comptées et les médecins l'avaient prédit : il allait partir pour l'autre monde dans d'affreuses souffrances. Ses parents n'étaient pas les personnes les plus riches au monde, si bien qu'ils ne purent rien offrir à leur petit pour ne serait-ce que lui permettre de partir tranquille. Qu'importe, ça n'aurait servi à rien, avaient annoncé les docteurs. Cet enfant avait une maladie incurable, inconnue de tous et sûrement orpheline, on ne pouvait rien lui donner sans être certain des effets produits. Puis les scientifiques débarquèrent avec un remède miracle. Ils ne demandaient pas d'argent, seulement la permission de tester leur produit sur l'enfant malade. Les parents, désespérés, tentèrent le tout pour le tout et acceptèrent, après tout, qu'avaient-ils à perdre ? Ce petit était prédestiné à mourir de toute façon, alors s'il y avait seulement un tout petit peu d'espoir... De l'espoir ? Quand le petit arrêta de gémir et que toutes ses plaies se refermèrent, on pouvait lire plus que de l'espoir dans les yeux des parents. Mais bien vite, le petit se vit pousser des plumes, tout son corps rapetissa et il prit la forme d'un bel oiseau au plumage coloré. Un coup de fusil suffit à mettre fin à la vie de l'enfant-oiseau, un être qui avait été victime du fameux remède miracle qui rendait le sourire aux parents.

Les mutants injectés de Divergent Institute étaient traités aussi bien que les mutants nés de parents eux-même mutants ou que ceux l'étant naturellement devenus. Ils avaient des amis et ils avaient des ennemis, on se fichait pas mal de leur passé ou des raisons qui avaient fait qu'ils étaient là, l'important, c'était ce qu'ils étaient dans l'instant. Et puis les chasseurs attaquèrent l'Institut, et la confiance s'évapora. On commença à se méfier de ces mutants qui étaient devenus tels quels par manipulations génétiques. Et s'ils étaient des traîtres, des personnes créées spécialement pour tuer tous les autres mutants ? Les questions persistaient et le doute s'installait. Plus les jours passaient, plus on s'éloignait des mutants injectés. On les montrait du doigt de loin, on chuchotait des choses horribles sur leur passage. Les adultes métamorphes interdirent à leurs enfants de les approcher, les plus petits se cachaient quand ils en voyaient un passer. Ils étaient mutants, certes. Mais on reconnaissait tout de suite quand un mutant avait été injecté. Cela faisait partie de l'instinct animal. Une sorte de sixième sens. Certains injectés se mirent à errer dans la peur de la violence et du mépris, seuls, apeurés. D'autres ignoraient ce qui se disait autour d'eux et continuaient à vivre leur vie, tranquillement et paisiblement. Mais si la plupart prônaient cette paix fragile, certains se mirent à devenir vraiment ce que leurs frères s'imaginaient qu'ils étaient. Des monstres. À la solde des chasseurs ? Peut-être bien. L'esprit et le coeur emplis de vengeance ? À coup sûr. Mais qui, des chasseurs qui étaient à l'origine de leur état ou des mutants qui leurs menaient la vie dure étaient réellement les ennemis ? Tous se posaient la question, ils commencèrent à douter et à n'avoir confiance qu'en eux-même, ne sachant pas si c'était là une bonne ou une mauvaise idée.